LE REGIME ANTI-CONSTITUTIONNEL ET DYNASTIQUE DU
LE REGIME ANTI-CONSTITUTIONNEL ET DYNASTIQUE DU TOGO AU PIED DU MUR
La pression internationale qui s'est accentuée depuis une semaine sur le pouvoir auto-proclamé du Togo marque un nouveau tournant dans l'analyse de la géopolitique africaine et renvoie à un enseignement qui se devra permanent et fidèle dans la durée : toute prise de pouvoir en Afrique se fera par voie démocratique à l'issue d'échéances électorales déterminant l'accès à la magistrature suprême et conformément à la constitution de chaque pays .
La Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ( C.E.D.E.A.O ), l'Union Africaine ( U.A ) , l'Organisation Internationale de la Francophonie ( O.I.F ) , l'Union Européenne et les Etats-Unis viennent d'isoler diplomatiquement le Togo et réclament le retour à l'ordre constitutionnel . Des sanctions en l'encontre des barons du pouvoir et de leurs affidés risquent d'être prononcées ou le sont déjà .
Le président de la commission de l'U.A , Alpha Oumar Konaré , sur Radio France Internationale ( R.F.I ) , a été plus catégorique et a demandé à Faure Gnassigbé " de quitter immédiatement le pouvoir " et lui déniant toute qualité pour organiser librement les élections présidentielles prévues dans un délai de soixante jours pour cause de vacance de pouvoir .
S'il reste une réaction tant attendue depuis le début de cette mascarade politico-militaro-institutionnelle , c'est bien celle de la France qui est restée jusque-là floue et indiscernable . Ni le Quai d'Orsay , ni l'Elysée n'ont appelé les nouvelles autorités auto-investies de Lomè au respect de la légalité constitutionnelle . Les communiqués étrangements sybillins du Ministère français des Affaires étrangères appellent à " l'organisation rapide d'élections présidentielles ". Mais quelles sont les autorités qui mettront en route processus d'accession au pouvoir ? N'est-ce pas une façon ou une autre de reconnaitre Faure Gnassigbé et son pouvoir honni ? Cultiver autant d'ambiguité est synonyme ( si ce n'est déjà fait ) de perte de toute crédibilité ...Après la gestion trouble et alambiquée de la crise ivoirienne , l'histoire a l'air de se répéter même si le contexte est différent et les conséquences davantage sur la politique africaine de la France .
Ceci dit , l'isolement diplomatique auquel est confronté le Togo démontre de la volonté d'une nouvelle classe dirigeante de l'Afrique et de la communauté internationale à refuser systématiquement toute forme de dictature héréditaire instituée qui risque d'être labellisée par d'autres régimes démocratiquements déficients et obsédés par leur propre survie .
Cependant , le piège de cette" mise au ban africaine et internationale " prend le risque d'affecter les populations civiles et déjà très vulnérables , qui après plus de quarante années d'asservissement politique et de sous-développement économique , continueront de subir les affres d'une politique successorale à la " Papa Doc -Baby Doc" en triste référence à la dynastie des Duvallier en Haîti . Et comme toujours , c'est le petit peuple qui " trinque ".
Une fois encore , tout doit être entrepris pour mettre fin au régime actuel du Togo et prévoir une alternative autour de l'opposition qui doit se remobiliser avec le soutien de la société civile , des institutions africaines et de la communauté internationale . Le Togo y va de sa survie et l'Afrique de son image et de son avenir.