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Le blog professionnel de Régis HOUNKPE
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24 février 2005

L' AFRIQUE A L'ASSAUT DU CONSEIL DE SECURITE DE

L' AFRIQUE  A  L'ASSAUT  DU  CONSEIL  DE  SECURITE  DE  L'ONU :

     NECESSITE  GEOPOLITIQUE  OU  OPERATION  DE  MARKETING  DIPLOMATIQUE ?

 

      Le processus de modernisation et de réforme de la plus grande institution internationale au monde vient d'ouvrir le débat sur la refonte du Conseil de sécurité qui passerait de quinze membres à vingt-quatre membres et augmenterait  ainsi le nombre de sièges permanents . Cette occasion inédite incite  les pays africains à demander et obtenir deux sièges permanents avec droit de véto et toute la puissance à influer sur les décisions internationales qui avec ce priviliège hautement qualifié des Nations- Unies . Ce droit de véto déjà acquis par la Chine, la France, la Grande-Bretagne , la Russie et les Etats- Unis à la fin de la seconde guerre mondiale sera ouvert à d'autres prétendants qui devront négocier âprement et donner la preuve de leur légitimité à jouer un rôle de premier choix sur la scène internationale .

   La réforme de l'O.N.U en faveur de l'élargissement du Conseil de sécurité  initiée par son Secrétaire général Kofi Annan vise justement à rééquilibrer les espaces géopolitiques et donner plus de poids souverain aux prochaines grandes décisions internationales qui seront amendées au sein de l'organisation des cent quatre vingt-onze pays du monde . Certaines nations se sont déjà désignées et affûtent leurs arguments les plus méritoires pour l'avalisation de leur précieuse candidature .

    L'Allemagne et le Japon , grands vaincus de la Seconde guerre mondiale , se sont bien rattrapés et prennent une part active dans la reconstruction de plusieurs chantiers sociaux , économiques et politiques à travers le monde . Ces deux pays représentent des puissances à tous égards et désireraient , non seulement entrer en grâce , mais appuyer leurs actions à venir par le sésame fondamental qui préside aux destinées du monde : le droit de véto . A ce titre , ils réclament chacun "son siège permanent " . L'Inde , puissance sous -régionale et depuis pivot technologique et économique de l'Asie , se verrait bien attribuer une place aux côtés des Cinq Grands . Le Brésil , porte-parole incontesté d'une mondialisation rationnelle et à visage humain , par la voix de son charismatique président Lula da Silva , milite en faveur de sa candidature qui représenterait toute l'Amérique latine ; sans pour autant oublier le Mexique qui nourrit  évidemment d'aussi grandioses prétentions .

Qu'en serait-il de l'Afrique ? Quels seront les pays qui représenteront le continent noir ? Quels seront les critères de sélection pour apparaître sur les starting-blocks ? Quel pays africain est doté d'une capacité politique à toute épreuve , gage de toute représentation digne du Conseil de sécurité ? Quel sera le rôle de l'Union Africaine (U.A) dans ce processus de décision ? La récente rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'U.A  , réuni en comité de quinze pays ,qui a eu lieu du 20 au 22 février à Mbabane au Swaziland a tenté de répondre à ces questions . L'idée du binôme représentatif est bien fixe mais qui seront-ils ?

L'Afrique du Sud , très influente depuis la fin de l'apartheid , n'a manqué aucune occasion de s'illustrer et de défendre l'idée d'une nouvelle Afrique démocratique et économiquement développée auprès des institutions internationales . Son aura sur le continent est incontestable , son poids économique n'est plus à prouver et son implication diplomatique pour la résolution des diverses crises qui laminent la stabilité de l'Afrique ( Côte d'Ivoire, République Démocratique du Congo, Darfour , Burundi , Togo , etc...) constituent autant de critères favorables pour appuyer une candidature du pays de Nelson Mandela . Tous les analystes géopolitiques et observateurs de la politique africaine s'accordent sur l'importance d'une représentation sud- africaine . Quant au choix du second prétendant , il est moins aisé de réaliser le consensus . Le Nigéria est dans la course :  plus grand pays peuplé du continent avec ses plus de cent dix millions d'âmes ,c' est l'autre grande puissance économique du continent africain . De plus , il est l' un des plus grands producteurs du pétrole au monde ( cette ressource est devenue avec les deux guerres du Golfe un facteur géoénergétique de luxe qui conditionne les grandes décisions diplomatiques , détermine les aires géopolitiques et dessine les postures géostratégiques des grands pays ! ) . Le Sénégal d'Abdoulaye Wade , le Gabon d'Omar Bongo et même le Soudan et l'Ethiopie caressent aussi le rêve d'être membre permanent au Conseil de sécurité de l'O.N.U ... Rêve non impossible , mais irrémédiablement incertain aux vus des bouillants enjeux qui détermineront finalement les titulaires africains des sièges en or aux Nations-Unies . Et pourquoi pas le Bénin , pays relativement stable sur le plan politique , " laboratoire de la démocratie en Afrique " ? La tâche est plus ardue et englobe d'autres critères plus lourds .

 Le Maghreb n'est pas en reste . L'Egypte , en plein ballet diplomatique , travaille à sa sélection auprès des pays de l'Afrique du Nord ( Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie , Lybie, Mauritanie ).

  Les Ministres  de l'U. A se reverront les 7 et 8 mars pour décider définitivement des pays sélectionnés , soumettront leurs choix à Kofi Anann ( qui  les encourage vivement et appuyera les candidatures qui auront émergé ) . La réforme de l'O.N.U est en marche , pourvu que l'Afrique y voit l'opportunité de s'impliquer davantage dans les affaires du monde , de réussir son essor socio-économique et de s'engager dans la promotion de la paix , des libertés , des droits de l'homme et de la démocratie .

Plus qu'une nécessité géopolitique , mieux qu'un rééquilibrage stratégique , les pays africains qui représenteront le continent, à travers cette réforme , ne doivent pas servir de faire-valoir pour puissances en mal d'influence et en quête de soutien . En espérant que la révolution institutionnelle des Nations-Unies ne soit pas une opération marketing pour combler un vide affectif , empreint d'un soudain réveil de culpabilité envers les pays africains , le continent tient peut-être les clés qui l'extirperont de sa léthargie à tout point de vue et lui éviteront de s'enfoncer dans son inéxorable marginalisation . Espérons...

   

 

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