LA DIPLOMATIE AFRICAINE AU CHEVET DU TOGO
LA DIPLOMATIE AFRICAINE AU CHEVET DU TOGO
L'intense activité diplomatique déployée par deux des grandes institutions africaines , l'Union africaine (UA )et la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ( CEDEAO), pour restaurer la légalité constitutionnelle au Togo constitue un événement exceptionnel en matière d'auto-gestion et résolution de crises par les Africains eux-mêmes . Sur le principe , il est des raisons de soutenir ces initiatives car elles inaugurent une prise de conscience et un élan démocratique à redorer le blason des pays africains dont l'image est vivement écornée par la succession de coups d'états militaires, la prolifération de guerres civiles , les déchirures ethnico-tribales et bien sûr la quasi-absence de l'Etat de droit dans la plupart des nations du continent . Dans le fond , la CEDEAO et l'UA , consciencieuses de tous les protocoles et résolutions relatifs à l'interdiction des coups de force pour la prise de pouvoir , viennent peut-être de changer la donne : il ne sera plus accepté de tels manquements à la démocratie . Ce round diplomatique se réalise sans l'injonction de la France , de l'Union Européenne , des Etats- Unis ou autre puissance .
Cependant, il faut surtout reconnaître l'implication personnelle de deux personnalités de poids qui imprégnent de toute leur autorité ce refus systématique de laisser le Togo s'engager sur la voie de l'anarchie institutionnalisée : le président nigérian Oluségoun Obasanjo et le président de la commision de l'Union africaine Alpha Oumar Konaré . Au-delà de toute considération politique et tactique , ces deux hommes ont clairement signifié à la délégation togolaise à Niamey que l'objectif était de rétablir immédiatement l'ancien président de l'assemblée nationale , Fambaré Natchaba Ouattara , dans ses fonctions d'intérim et de le laisser conduire la transition jusqu'aux prochaines élections qui se doivent libres , démocratiques et sans exclusive.
Il faut aussi saluer la décision de l'Organisation Internationale de la Francophonie , qui au travers de son Secrétaire général , l'ancien président de la République sénégalaise , Abdou Diouf , a coupé tous les ponts institutionnels et diplomatiques avec l'actuel régime monarchique et anticonstitutionnel du Togo. Nous devons nous en réjouir car , pour une fois , la diplomatie francophone ne s'est pas alignée sur celle du Quai d'Orsay ou de l'Elysée . Il a été assez souvent décrié la soumission de l'institution francophone à la politique de la France . Cette fois-ci , Jacques Chirac et Michel Barnier feraient mieux de copier Abdou Diouf , mais cela est sans illusion , car étant " l'ami personnel " du dictateur togolais , le président français jouera plus de la "real politik "qu'autre chose.
Le Togo doit retrouver toute la stabilité et la paix qui constituent la base de toute démocratie et l'Afrique a l'occasion de compter sur ces dirigeants et hommes de décision pour l'y aider . Les présidents Obasanjo , Konaré , Diouf et M'béki doivent être soutenus et accompagnés dans cette nouvelle mission qui s'annonce périlleuse . Le pouvoir togolais doit subir toute forme de pression diplomatique et politique s'il ne veut pas entendre raison et penser avenir de ce pauvre pays qui a déjà subi plus de 40 ans de stalinisme tropical et sanglant sous Eyadéma père . De cet épisode tragique se dessine certainement une autre vision de l'Afrique .