TOGO BIS : HARO SUR LA REPUBLIQUE ROYALE UBUESQUE
TOGO BIS :
HARO SUR LA REPUBLIQUE ROYALE UBUESQUE DU TOGO !
L'actualité est tristement riche en rebondissements ridicules du côté de Lomé , capitale togolaise , trois jours après la mort du " Saddam Hussein d'Afrique ". La décence devrait nous recommander d'être respectueux envers la mémoire du défunt , mais accordons nous sur le principe que le départ de Gnassigbé Eyadéma au pays des ténèbres ne constitue pas une grosse perte pour l'Afrique . Enfin, cette bonne et grande partie du continent , éprise de liberté et de démocratie , ne le regrettera pas .
Ces états d'âme ne sont évidemment pas ceux du clan de l'ancien président et de l'armée qui lui vouent un culte stalinien et qui , après le coup d'état militaire , viennent de frapper un grand coup en légalisant le coup d'état militaire par l'assemblée nationale togolaise . Les députés togolais viennent de parachever la mise en scène en remplaçant le président du parlement , Fambaré Ouattara , par Faure Gnassigbé , lui créant ainsi un boulevard pour le poste suprême de la présidence de la république , conformément aux dispositions constitutionnelles . Ce tour de passe-passe et ce tripatouillage de la Constitution viennent d'instituer une dictature héréditaire , transformant une république bananière et exécrable en royaume du Togo .
Mais , doit-on vraiment s'étonner que la succession se soit déroulée de cette façon où le ridicule des révolutions kaki côtoie le cynisme nauséeux ? Le parlement est quasi- acquis au clan Eyadéma et l'armée est foncièrement tribale ( tous les grands corps d'armée sont tenus par des fidéles du dictateur et surtout par ses propres fils du Nord au Sud ). Eyadéma disait déjà "qu'après sa mort , ce serait le déluge " , et pour éviter cette catastrophe , quoi de mieux que de positionner son propre fils afin qu'il lui succède et assure la stabilité du Togo ! Faure Eyadéma sera président au moins jusqu'en 2008 et , sans illusions , il s'éternisera aussi longtemps que son père .
Les observateurs et analystes des systèmes politiques africains aimeraient parier sur le contraire et espérer une nouvelle ère démocratique pour le Togo . Mais rien ne pousse à envisager à court et moyen terme une telle hypothèse . Malheureusement pour le Togo qui mérite mieux que cet éternel recommencement de père en fils !
La pression devra s'accentuer de plus en plus sur ce qui se trame à Lomé . Les pays africains responsables et la communauté internationale doivent dénoncer avec vigueur et fermeté l'avénement de ce nouveau royaume et demander le respect de la Constitution . L'ONU , la France , les Etats-Unis , l'Union européenne et surtout l'Union africaine devraient boycotter ce régime exécrable et le sommer d'organiser des élections libres et démocratiques , sans exclusive donc ouverte à l'opposition et à la société civile . La marche vers ce processus risque d'être tortueux et il faut impérativement que l'Afrique cesse d'être regardée sous le prisme de l'institutionnalisation de l'Etat de non-droit et des dictatures les plus sombres .
Avec de telles incertitudes , à quoi doit-on s'accrocher ? La question reste en suspens .