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Le blog professionnel de Régis HOUNKPE
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26 avril 2005

LE SPECTRE DE L' "UNION TOGOLAISE" OU LA DEMOCRATIE SUICIDAIRE

      Tenu dans un climat lourd de supicions et de tensions vives , le scrutin togolais pour l'élection présidentielle n'aurait   jamais dû exister . Ces échéances prévues pour tenter de démocratiser l'un des terroirs de la dictature en Afrique de l'Ouest n'ont pas livré la vérité d'un peuple affamé de liberté et assoiffé de paix par quatre décennies de règne sanglant d'Eyadéma . L'issue n'a jamais suscité le moindre doute : le candidat du Rassemblement du Peuple Togolais ( R.P.T ) , Faure Gnassigbé aurait haut la main remporté la présidentielle de plus de 60% . Perspectives...

   Mais hier, coup de théâtre ! Dans une rencontre assez trouble dont les aboutissants et les tenants restent aussi surprenants qu'indécis , Faure Gnassigbé et Gilchrist Olympio se seraient entendus , sous la houlette du président nigérian Oluségoun Obasanjo , pour apaiser le climat vicié par les élections dans leur pays et travailler à la formation d'un gouvernement d'union nationale - gouvernement qui sera dirigé par le vainqueur des élections avec " livraison" d'un poste de premier ministre pour le vaincu et autres délégations - afin que le Togo ne bascule pas dans une crise dont on ne sait jusqu'où elle s'arrêtera ... Autre surprise presque spontanée de l'emblème de l'opposition : Gilchrist Olympio affirme n'avoir rien signé , donc rien accepté et avoir juste pris le temps d'enregistrer les propositions du conclave afin de les étudier au regard de l'évolution de la situation politique  . Mais d'où est venue cette idée de former une coalition gouvernementale entre deux familles politiques qui n'ont rien en commun ? Comment peut-on imaginer intégrer dans un même corps éxécutif deux incarnations de la vie politique togolaise qui n'ont pas le même sens de l'Etat et dont les enjeux de gestion des affaires publiques sont éminemment divergents ?  Pourquoi tabler sur une alliance contre-nature , voire bâtarde entre Olympio et Eyadéma pour ouvrir les portes d'un  futur Togo immaculé et transfiguré par la magie de la démocratie que ces deux hommes auraient travaillé à mettre en oeuvre ? Hérésie , quand tu nous tiens ...

  Non, non , non ...Trois fois non... Ce genre de parade  grotesque ne doit plus avoir cours en Afrique . La preuve d'une culture démocratique inaboutie dans le continent pousse à proposer ces espèces de pouvoir bicéphal incongru ( et le pire , cela se passe dans des régimes de nature foncièrement présidentielle où la part du premier ministre n'est nullement dévolue à l'opposition ou la force vaincue des élections) . Les porte-feuilles ministériels  ne se marchandent pas , ils ne se "dealent " pas pour calmer telle ou telle formation politique . Au Togo comme ailleurs , le pouvoir et ses instruments d'administration et de gestion doivent se conquérir  et ne doivent pas faire l'objet de marchandage . L'opposition togolaise doit se battre pour conquérir sa victoire . Entrée dans un quelconque gouvernement RPT , elle sera indéfiniment discréditée et s'enlisera dans des querelles intestines qui la feront exploser . Le gros perdant demeurera le même depuis 40 ans: le peuple togolais . Il n' y a pas de gouvernement d'union nationale qui tienne ; ce serait tuer l'espoir de toute une nation qui aspire à la démocratie .

   Gouvernement d'union nationale ? Cabinet de salut public ? Gouvernement de réconciliation nationale ? 

    Autant de formules présentes dans le paysage politique africain et qui ont fait la preuve de l'inéfficacité de  solution médiane entre pouvoir élu et opposition pour diriger un pays . La cohabitation gouvernementale reste toujours conflictuelle ,même dans les grands pays occidentaux de vieille tradition démocratique , mais tout cela s'inscrit dans des processus de régime semi-parlementaire et de vie politique apaisée . Ainsi , il faut  se rendre compte que tous les pays africains qui ont expérimenté ces modes mixtes de gestion politique ont échoué dans leur tentative d'apaiser les tensions  .

   Au Togo et en Afrique , et au-delà des contextes particulièrement crisogènes à l'issue de toutes les élections qu'on voudrait espérer  libres , transparentes et démocratiques , il se dégagera clairement une majorité qui accédera à la magistrature suprême et en assurera le pouvoir politique d'une part , et d'autre part une opposition qui jouera son rôle de contre-pouvoir et qui travaillera  à  reconstruire son personnel politique et son projet dans l'idée d'une future alternance.

   La survie  et la préservation d'un système démocratique , où qu'on soit , doit  donc passer par le postulat du gouvernement qui gouverne et de l'opposition qui s'oppose . Autrement , c'est la boîte de Pandore ouverte au gouffre . Le choix est clair et c'est aussi , ça , la démocratie...

   

 

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